Guérison, paix et soleil dans les vagues intérieures, accueillies.
Au coeur de l'agitation, quand on laisse les mots et les images circuler, se découvre, dessous, un espace de silence. Flou et tout petit d'abord. Presque imperceptible. Puis, à travers le souffle qui va et vient, l'espace prend forme et, dans cette ouverture, notre vérité se montre. Silence. accueil encore et encore.
Douceur, même dans la douleur et les larmes qui font parfois aussi partie de ce qui est là. Laisser ce silence nous raconter notre histoire.
Toute une aventure cette vie, n'est-ce pas?
J'ai encore une fois pris conscience de notre (ma) difficulté commune et individuelle à accueillir les émotions désagréables. Celles des autres, bien sûr. Parce qu'elles nous ramènent aux nôtres... à nos blessures qui parlent fort pour qu'on les soigne. J'aime apprendre à me dés-identifier de celles-ci. En prenant une distance, je ne me sens plus "être" le malaise mais plutôt de plus en plus spectateur. Même si je ressens ce qui se passe. En les regardant, j'arrive éventuellement à leur ouvrir les bras et embrasser ce qu'elles ont à m'offrir comme apprentissage. Radical acceptance.
Je les vois de plus en plus souvent comme des personnages. La plupart du temps comme ce moi du passé qui a vécu un moment dans mon histoire, celui qui a reçu la blessure et la porte, restée coincé quelque part en moi. Cette bulle d'énergie ancrée, parce que je n'ai jamais eu l'occasion de la processer et de la laisser circuler. En restant accroché à la douleur, mais en refusant de la ressentir, on tente de la repousser. Mais elle doit circuler à travers nous pour être évacuée. Cette charge d'énergie reste donc présente et est régulièrement réanimée par différents événements de nature assez similaire. L'occasion nous revient alors de terminer le processus mais avec notre réflexe de ne pas vouloir ressentir, nous passons tout droit en tentant de faire comme si rien n'y était... jusqu'à la prochaine rencontre.
Une vieille blessure prend beaucoup de présence et d'amour à guérir. Et la cicatrice lorsque touchée par la suite reste sensible encore longtemps. Par contre, à force d'accueil et de soins adéquats elle en vient à ne laisser qu'une marque apparente mais indolore que l'on porte comme un bijou, en souvenir de la bataille.
Ce matin, j'ai pu visiter un de ces espaces.
Une de ces parties de moi, la petite Nani de 4 ans qui attend encore sa maman sur le rebord de la fenêtre, pour retourner sous la couverture se donner des bisous en cachette, se blottir au chaud sur son coeur en s'endormant, bercée, dans un rayon de soleil.
Depuis plusieurs jours je la sentais sans savoir que c'était elle. Un petit nuage léger d'anxiété se promenant entre mon coeur et ma gorge. Une petite tristesse aux couleurs de peur latente. Toute petite, rien de sérieux ni handicapant. Juste cette présence... désagréable. Vous savez de quoi je parle?
Au réveil ce matin j'ai eu envie de prendre "ça" dans mes bras.
J'ai mis mes mains sur mon coeur et j'ai choisis de ressentir. Sans penser ni juger. Des images sont montées. La séparation d'avec le père de mes filles. La peine sous différentes formes. Puis rapidement, je me suis retrouvée à l'intérieur de la petite fille que j'étais à 4 ans, en attente du retour de sa maman. Retour du lien magique très fort qui nous unissait, avant qu'elle ne reprenne à temps plein le travail à l'extérieur de la maison.
J'ai souvent revisité cet période de mon enfance. Mais avec ma tête. Pas en ressenti. cette fois j'ai respiré dedans. J'ai compris pourquoi cette blessure se rallumait. Les rencontres du coeur...
Grande prise de conscience pour moi.
Je l'ai porté durant quelques heures.
Puis, ayant la chance de passer du temps au bord de la rivière chez ma très chère amie, dans le hamac, j'ai fermé les yeux pour retrouver la petite fille qui porte cette blessure. Et je l'ai regardé dans les yeux, pour lui dire que je ressentais sa peine et sa peur. Et que je l'aimais très fort. Et dans ce détachement plein d'empathie, je l'ai prise dans mes bras pour qu'elle me sente, et lui faire savoir que maintenant, moi j'étais là pour lui faire plein de câlins et rire avec elle. Vraiment, avec coeur. Je l'ai remercié d'avoir porté aussi tout au long de ma vie la magie de l'émerveillement, l'imagination sans fin et la sensibilité pleine d'amour. Et je suis restée là.
Les heures ont passées par la suite et la sensation de peine que je portais depuis ces derniers jours s'est estompée.
Ça peut sembler étrange tout ça.
Est-ce que ça a vraiment de l'importance?
Je resterai attentive aux manifestations et besoins de cette petite moi que je porte. Attentive à lui offrir moi-même l'amour dont elle a besoin. Dont j'ai besoin. Parce que c'est nécessaire. Et que je ne veux plus demander à l'autre de combler mes manques. Parce qu'aussi j'ai bien l'intention de poursuivre dans mes découvertes amoureuses. Cette guérison qui se fait pas à pas me permettra de vivre ces rencontres de plus en plus libre d'attache et d'attente. C'est ce qui commence à ressembler à la possibilité de partager et connecter vraiment.
Contente de vous retrouver les amis.
Bonne suite.